LES PATHOLOGIES RELIGIEUSES

8 février 2021

La religion est le calcium du peuple. Mais si l'on ne prend pas garde, elle peut en devenir l'opium. Les religions, quelles qu'elles soient, peuvent développer dans leurs modalités des déformations contradictoires qui, au total, éloignent de Dieu et abandonnent l'homme à son propre sort. C'est ce qu'on appelle les PATHOLOGIES DES RELIGIONS. Pour éviter ou les soigner, chaque tradition religieuse, le christianisme en premier, devrait toujours et partout s'armer d'intelligence spirituelle, d'humilité et d'ouverture intérieure pour rechercher et faire valoir ce qu'elle a de plus spécifique. Cela passe par le courage de l'écoute et de l'autocritique à partir des ressources fondamentales de chaque crédo. Autrement, le risque est grand que les superficialités et les corruptions religieuses d'aujourd'hui soient des germes d'athéisme et d'indifférence religieuse de demain. 
 
 
     * Les pathologies religieuses

Dans la perspective religieuse, il s'agit de l'ensemble de déformations, d'incohérences, de falsification de l'image de Dieu et de dégradation de l'esprit humain dû, non pas à la religion en soi, mais à certaines de ses modalités d'application. La vision qu'on a de la réalité devient irrégulière, éclatée et subversive. De ce fait, nous énumérerons quelques pathologies. 

  • l'irrationalisme et le fatalisme religieux 
 
  Le culte de l'irrationnel est une pathologie périlleuse qui consiste à une certaine excroissance religieuse qui, en dernier ressort, aveugle l'esprit, paralysé la raison et fondé le culte de l'irréel et du non-sens ( l'irrationnel qu'il faut distinguer du non-rationnel ). Un signe de l'irrationalisme religieux est la confusion du champ spirituel avec la sphère psycho-somatique. Nombre de maladies physiques et/ou mentales sont généralement classées à tort dans les maladies spirituelles.Les issues sont souvent fatales.Puis vient la superstition définie comme « la totale soumission de la raison aux faits »; le détrônement de l'esprit critique devenu culture de masse.
 
   •  le nombrilisme religieux

Au lieu d'être une relation vivante à Dieu, la religion peut devenir auto-centrée sur l'homme. Il conduit à l'instrumentalisation de Dieu qui constitue un danger aussi grand que nier Dieu puisque l'individu donne priorité à sa propre prospérité, protection et paradis individuel. 

  • L'anthropolâtrie 
 
  Elle se manifeste par une omnipuissance humaine, une prétention de possession de pouvoirs divins. Partout où le religieux est pensé et vécu comme une accumulation de pouvoirs spirituels, on finit toujours dans l'idolâtrie avec ses corollaires de mercantilisation  du sacré, de syncrétisme.
 
 
  • Le rétributionisme 
 
  Le malheur et le bonheur des hommes sont-ils des sanctions de Dieu qui récompense chacun selon ses mérites ?  Quand la relation à Dieu se structure sur le mérite, il s'établit un commerce spirituel entre le croyant et le pôle divin. Tout se vit dans l'esprit du profit. Souvent le croyant est de bonne foi mais la théologie de la rétribution projette sur Dieu l'idée d'une justice distributive automatique et implacable. Or Dieu est Amour et Vérité, Justice et Paix. 
 
  • le bipolarisme manichéen de la réalité
 
  Le manichéisme est une doctrine religieuse conçue par Mani, fondée sur la coexistence et l'antagonisme de deux principes cosmiques égaux et éternels : le bien et le mal ; conception qui admet le dualisme antagoniste d'un principe du bien et d'un principe du mal. Un signe fréquent de cette religiosité est l'abus du nom de Dieu. En effet, lorsque la peur des forces contraires alimente la religion, l'attachement à Dieu tend vers un « sauve-qui-peut » où le nom de Dieu entre dans un usage à l'allure incantatoire et magique. Dieu est généralement évoqué de manière incongrue, irrévérencieuse et même irresponsable. Ainsi, le " sang de Jésus " ou le " feu de l'Esprit-Saint " semblent être des armes qui, invoqués avec conviction, servent à détruire les ennemis et leurs manœuvres obscures. En gros, le bipolarisme manichéen pastoral se résume à l'usage d'un faiseur de miracle, d'objets miraculeux, de prière puissante pouvant sauver le croyant dans sa lutte contre le mal. 
 
  • l'eschatophobie 
 
  Elle se manifeste sous la forme d'un état d'esprit dû à une conception erronée du jugement dernier et à l'idée spectrale de la mort. Le croyant vit ici dans une tentation constante de s'attacher à une tristesse douceâtre, sans espérance par les fins dernières  au point de devenir futuriste. 
 
  • l'idolâtrie 
 
  c'est l'attribution et la reconnaissance de pouvoir divins dans un objet naturel ou artificiel. Beaucoup de chrétiens catholiques tombent souvent dans le piège d'un rapport idolâtrique avec les sacramentaux et même avec les sacrements. Quel usage faisons-nous avec l'eau bénite, l'huile sainte ou le sel exorciste ? Par les sacramentaux ( divers objets bénis ), le chrétien est appelé à soumettre toute la création à la Seigneurie du Christ. Il se sert des sacramentaux pour poser des actes de foi. Les sacramentaux ne sont donc pas des talismans, genre de blindage pour résister aux ennemis. Que les objets de piété ne deviennent pas idoles au point d'aliéner le croyant. 
 
 
   • Solutions pour remédier aux pathologies religieuses
 
    Pour pouvoir ainsi remédier aux différentes pathologies religieuses, le chrétien doit rechercher le visage de Dieu avec une foi rationnelle et authentique, adopter une vie chrétienne saine, vivre une vie de pénitence avec Dieu , prier, et savoir distinguer la grâce naturelle de la grâce surnaturelle. Que la peur des forces du mal n'alimente pas chez le croyant des illusions dérisoires au point de s'écarter de Dieu.

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